Parfois, il me vient l’impression que le CEO d’une entreprise doit être le nouveau Charles Ingalls.
Pour les plus jeunes, Charles Ingalls est le personnage du père de famille dans la série « La petite maison dans la prairie », travailleur infatigable avec sa hache, il trouve toujours une solution, a réponse à tout et et bien sûr un père présent et un mari aimant.
Une sorte de Superman avec un chapeau de paille et des bretelles.
Alors que le monde moderne veut se débarrasser de l’image d’Epinal du père de famille sur qui repose le ménage, cette tendance semble avoir soigneusement évité le CEO.
Bien que les termes soient à proprement parler synonymes, le « CEO » n’est pas le PDG ou le patron, l’anglicisation du vocable traduit cette volonté d’être assimilé à l’entrepreneur américain infaillible à qui tout réussit.
« CEO », c’est avant tout une image qu’on veut donner de soi-même, le « chief »
Je me présente moi-même comme ça, j’ai choisi ce titre ronflant, parce que je désirais faire partie de l’élite et afficher fièrement mes bretelles de Charles Ingalls, à contre courant d’un monde qui se réveille et qui déconstruit une pseudo masculinité sans faille ni faiblesse (wahou, je suis devenu un vrai woke).
Je me rends compte aujourd’hui que cette coquetterie, qui révèle ma fatuité honteuse, est symptomatique de mes difficultés à faire émerger autant que je le voudrais l’intelligence collective dont toute entreprise a désespérément besoin pour réaliser sa mission : être un corps social solidaire tournée vers un objectif commun.
Qui peut oser penser par soi-même, faire par soi-même devant Charles Ingalls qui a réponse à tout ?
Il me faut me détacher de l’état d’esprit délétère qui m’anime trop souvent, celui de me croire omniscient.
Point de fausse modestie ici, je connais mes qualités et suis conscient de la considération que les équipes ont pour moi. J’ai accumulé assez de confiance en moi pour assumer ce rôle sans me sentir un imposteur, il faut cependant trouver le juste équilibre.
Le risque est simple, on ne peut tenir ce rôle de superman indéfiniment, ni moi, ni personne. L’apparition de mes défaillances et et insuffisances a rapidement instillé le doute et l’anxiété au sein de l’entreprise ce qui peut mener au désastre.
Il ne s’agit pas de se lamenter, je ne suis sûrement pas la pire caricature du CEO enfin j’espère, mais je sais qu’il faut que je travaille cela.