Il faut bien l’admettre : l’un des attraits les plus enivrant du rôle de CEO réside dans cette impression de pouvoir, aussi illusoire soit-elle.
J’ai pleinement conscience que mon périmètre demeure dérisoire, et pourtant, je ne peux nier le plaisir presque coupable que je ressens à être celui qui décide, en dernier recours.
Je pourrais m’abriter derrière le « poids de la responsabilité » et présenter cette position comme un sacerdoce… Mais soyons honnêtes : même le plus candide d’entre nous n’y verrait qu’une justification bancale.
Le regard des autres est aussi très agréable, la pointe d’admiration chez les nouveaux salariés ou même les personnes que je rencontre quand je me présente comme CEO ressemble à une caresse sur mon ego (bon, cela dure rarement longtemps).
Cette ivresse du pouvoir, voilà sans doute la dépendance la plus répandue chez les dirigeants. C’est elle qui rend si difficile — pour ne pas dire impensable — le retour au statut de simple salarié exécutant.
On s’accoutume rapidement, trop rapidement, à ce privilège qu’offre un simple titre, jusqu’à confondre cette autorité avec une forme de supériorité intellectuelle.
Certes, la confiance en soi et en ses choix est une qualité essentielle pour qui dirige mais il serait illusoire de croire que trois lettres accolées à un nom suffisent à conférer la moindre forme de sagesse.